Mais que se passe-t-il entre le Maroc et la France ?

Article : Mais que se passe-t-il entre le Maroc et la France ?
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16 janvier 2015

Mais que se passe-t-il entre le Maroc et la France ?

Dimanche 11 janvier 2015, une cinquantaine de chefs d’État venus du monde entier étaient présents dans la capitale des Lumières, Paris.  De la chancelière allemande Merkel au président palestinien Mahmoud Abbas en passant par David Cameron, ils étaient tous à Paris pour défendre la liberté d’expression et réitérer leur détermination à faire bloc contre l’extrémisme et le terrorisme.

Certes, une délégation marocaine était présente à Paris, elle a exprimé ses condoléances au président de la République, mais elle n’a pas participé à la marche du 11 janvier en hommage aux 17 victimes des attentats qui ont frappé la France. La raison qui aurait été avancée : des caricatures blasphématoires du prophète étaient visibles dans les manifestations.

La décision marocaine est incompréhensible dans la mesure où la présence de M. Mezouar à Paris, si l’on en croit le communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération (MARC), est un « signe de solidarité avec le peuple français, suite aux lâches attentats terroristes qui ont meurtri et choqué non seulement la France, mais également ses pays amis.»  Cela dit, quelques caricatures dans les manifestations ne doivent pas nuire aux relations historiques qui lient le royaume et la France. De plus, eu égard de l’ampleur des attentats, il était prévu que quelques citoyens français usent des caricatures pour faire montre de leur indignation.

Marche pour Charlie Hebdo. Crédit photo : metronews.fr

Il parait que M. Mezouar a oublié qu’un pays démocratique comme la France ne peut pas empêcher quelconque de s’exprimer comme il veut dans les rues. Et si on a participé à une telle marche, ce n’est pas pour les beaux yeux de quelques extrémistes qui ont assisté à la marche, mais pour faire preuve de solidarité avec des millions de Français qui font le distinguo entre l’islam et le radicalisme.

Selon le journal Le Monde du mardi dernier, aucune caricature n’était visible dans le cortège des chefs d’État lors de la Marche « historique » de la capitale. Le journal français voit dans cette démarche la conséquence « du dépôt à Paris de plaintes pour torture à l’encontre du patron du contre-espionnage marocain, Abdellatif Hammouchi. »

En effet, Salaheddine Mezouar a déclaré dans une interview accordée à l’hebdomadaire Jeune Afrique que « le temps de la tutelle est révolu » et que la France n’est pas engagée avec le royaume.  En d’autres termes, l’annulation de la participation du Maroc à la manifestation de 11 janvier pourrait être un signe fort envoyé à l’Hexagone : le Maroc peut aujourd’hui faire du lobbying. La coopération policière entre le Maroc et l’Espagne, qui s’avère fructueuse jusqu’à présent, prouve qu’il y a un changement de cap du Maroc. Reste à savoir quand la France va-t-il enfin s’engager avec M. Mezouar.

Le ministre de la Communication Mustapha El Khalfi ©MAP

Il convient de rappeler, pour terminer, que les autorités marocaines ont interdit la plupart des journaux et magazines français de 14 janvier, parce qu’ils ont reproduit les caricatures de Charlie Hebdo. Le ministre de la Communication Mustapha El Khalfi a assuré que le Maroc interdira tout journal qui ose publier des caricatures portant atteinte au prophète. Le magazine Telquel rapporte même que « la publication des caricatures et dessins du prophète Mohammed est passible de poursuites judiciaires au Maroc. » La preuve, Le Journal hebdomadaire, l’un des rares journaux indépendants au Maroc  a fermé ses portes en 2006 à la suite d’une décision judiciaire.

  

 

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