Maroc : Un séisme dévastateur

Article : Maroc : Un séisme dévastateur
Crédit: Image par Angelo Giordano de Pixabay
12 septembre 2023

Maroc : Un séisme dévastateur

Un puissant séisme, de magnitude 7 sur l’échelle de Richter, a frappé le centre de mon pays bien-aimé, le Maroc, dans la nuit du vendredi 8 septembre à 23h11 (heure locale), provoquant des pertes humaines colossales. Moi aussi, j’aurai pu ne plus être là.

« Un séisme de magnitude 7 frappe des régions du Maroc », a annoncé la chaîne qatarie Al Jazeera. Quelques secondes ont suffi pour que l’information soit relayée par les médias locaux. L’agence de presse officielle, la MAP, quant à elle, a tardé à confirmer la survenue d’une secousse sismique inédite et ce, au moment où les Marocains ont été pris de terreur et couraient en tous sens comme des fous. D’où la nécessité de libérer les médias de service public du joug de l’État, puisqu’ils ne remplissent pas leur devoir d’information vis-à-vis des contribuables, la preuve en est.

Cette soirée meurtrière du 8 décembre 2023 restera longtemps gravée dans la mémoire de tous les Marocains. Partout au royaume, c’était la panique, nous avons tous vécu un moment de profonde angoisse. Personnellement, j’ai vu ma maison bouger, comme on le voit dans les films… jamais je n’aurai pensé vivre un jour cette terrible expérience. J’ai vu la mort en face ! Quant à mon amie, qui vit dans le centre de Marrakech, elle dit qu’elle a été terriblement traumatisée et, du coup, elle ne peut plus rentrer chez elle, de peur que sa maison s’écroule. Actuellement, les gens ont encore peur, ils craignent des répliques. Ceux qui préfèrent passer la nuit dans la rue sont légion, car ils estiment que le froid est mille fois plus clément que de périr, comme ça, en 30 secondes.

Ce qui est certain, c’est que la terre a tremblé extrêmement fort, sans nous prévenir, causant la mort de plus de 2800 de citoyens lambdas, des citoyens qui vivent au quotidien dans des conditions misérables dans des villages isolés et méconnus pour beaucoup d’entre nous.

En plus du bilan humain très lourd, des villages entiers ont été rayés de la carte dans la région de Marrakech, dont fait partie la province d’Al-Haouz, dans la région du Haut Atlas, où se situait l’épicentre du séisme. Et vu l’ampleur du nombre de maisons ravagées par le tremblement de terre, je doute que nous puissions tout reconstruire dans un délai très court, tout en respectant cette fois-ci les normes parasismiques. Car, comme le rappelle l’ONG Global Earthquake Model (GEM) Foundation : « On ne meurt pas d’un tremblement de terre, mais de l’effondrement des bâtiments qu’il provoque. Il vaut mieux prévenir qu’ensevelir”.

Dans un article consacré à l’événement meurtrier qui a fait des ravages au royaume chérifien, le Sunday Times écrit, à propos du sinistre : « Il est survenu avec une force de 30 bombes atomiques mais dans des pays du monde plus prospères – et mieux préparés – ce tremblement de terre n’aurait pas été meurtrier. »

Zone du séisme au Maroc, le 9 septembre 2023. © https://earthquake.usgs.gov/


Ce désastre naturel a montré combien nous étions mal préparés pour une telle catastrophe et, malheureusement, nous n’avons rien appris des tremblements de terre précédents, notamment le séisme d’Agadir, en 1960, qui a fait près de 12 000 morts (un tiers de la population de la ville d’alors avait péri). Aurait-on pu éviter le pire ? Oui, je crois que c’est possible, si nous avions investi dans la recherche scientifique, l’éducation aux séismes et surtout, la construction de bâtiments solides, adaptés, capables de limiter les risques sismiques.

Les dégâts dans le village d’Imi N’Tala, près d’Amizmiz, dans la province d’Al-Haouz, au pied des montagnes du Haut Atlas. ©alyaoum24, via Wikimedia commons.

Ce qui m’attriste le plus, ce n’est pas le séisme en soi. Il y a toujours eu des catastrophes naturelles, et il y en aura toujours… ce qui m’attriste, c’est de constater la réaction trop lente des autorités. Certes, les forces armées et les sapeurs-pompiers sont intervenues quelques heures après le séisme. Pourtant, il était évident que le gouvernement n’avait pas anticipé, il n’avait pas élaboré de plan d’action pour faire face aux effets d’éventuels sinistres. Le mal est déjà fait, mais il faut absolument y penser et se préparer à gérer des situations de telle ampleur. Parfois, je me demande à quoi sert d’avoir des dirigeants incapables de prendre rapidement les bonnes décisions.

Je me demande également comment serait mon pays sans la solidarité de ses citoyens, qui subissent déjà l’effet d’une inflation excessive, sans oublier que le Maroc est considéré parmi les pays où la corruption bat son plein, dans la mesure où il a été classé au 94ème rang sur 180 pays pour l’année 2022 par Transparency International.

Des Marocains et étrangers qui font la queue pour donner leur sang aux blessés, cela me fait chaud au cœur. Mais lorsqu’il s’agit d’une crise humanitaire, l’appui de la communauté internationale est crucial. Effectivement, le gouvernement marocain a annoncé avoir accepté l’aide de quatre pays « amis » : Espagne, Grande-Bretagne, Qatar et Émirats arabes unis. Ils vont venir en renfort des secouristes nationaux débordés par les victimes du séisme.

À Paris, des équipes de l’ONG française « Secouristes sans frontières » disent attendre le feu vert de Rabat afin de pouvoir participer aux opérations de secours dans les zones sinistrées à Marrakech. Bien entendu, s’ils se rendent au Maroc, ils ne partiront pas les mains vides, mais avec « une caméra et du matériel d’écoute pour détecter les victimes sous les décombres », comme l’a expliqué ce dimanche Arnaud Fraisse, le fondateur de l’association, sur France Inter. Mais le feu vert du Maroc à l’aide de la France se fait longuement attendre…

Comme d’habitude, le Maroc fait-il du chantage à la France ? Il n’y a aucun doute là-dessus car, à ma connaissance, nous avons des besoins considérables en secouristes et en matériel. C’est urgent !

De toute façon, la page de ce séisme sera tournée tôt ou tard, mais j’ai un souhait pour l’avenir de mon pays : le Maroc doit être prêt au pire, car une catastrophe naturelle a le privilège de frapper, n’importe où et n’importe quand.

Comprenne qui voudra !

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Commentaires

MWIRAWITE PALUKU
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Kutoka drc, nasema pole huko morroco, dunia ni hivyo. Kwa wenyi kua na ginsi tuwasaidie watu walio patwa na shida.