JO 2024 : le Maroc, une (vraie) fierté continentale ?

Article : JO 2024 : le Maroc, une (vraie) fierté continentale ?
Crédit: Image par David de Pixabay
27 juillet 2024

JO 2024 : le Maroc, une (vraie) fierté continentale ?

Au Maroc, le sport, notamment le football, n’est pas juste un loisir. C’est à la fois un opium et un facteur de soft power. Les matchs sont diffusés dans tous les cafés, à tout moment, chaque jour, pour satisfaire une forte demande des clients. À Essaouira, ma ville, on peut voir des touristes arborant le maillot national. L’État, de son côté, de plus en plus surendetté, remue ciel et terre pour promouvoir l’image d’un Maroc jouant un rôle économique, politique et sportif majeur sur le continent africain, surtout après le parcours historique des Lions de l’Atlas lors de la Coupe 2022, au Qatar.

Deux jours avant la cérémonie d’ouverture des JO 2024 à Paris, le Maroc a bien démarré le match inaugural ce mercredi 24 juillet en dominant cette équipe de l’Argentine qui « se croyait intouchable sur le terrain du footbal international« , relève l’hebdomadaire francophone TelQuel. Le site Le360, proche du povoir marocain, se délecte lui aussi de cette « victoire historique » du Maroc contre une équipe de l’Amérique du Sud : « le match inaugural du tournoi de football des Jeux olympiques restera à jamais dans les annales« . « Jamais les Lions de l’Atlas (l’équipe marocaine de football) n’avaient battu une sélection d’Amérique du Sud en match officiel« .

Pour l’hebdomadaire L’Observateur du Maroc et d’Afrique, l’équipe nationale a échappé de justesse à « la malédiction qui frappait l’équipe nationale olympique aux olympiades » en raison des « 15 minutes injustifiées de temps supplémentaire décidées par l’arbitre suédois Glenn Nyberg« . « Les Argentins n’ont égalisé qu’à l’ultime seconde de ce quart d’heure cadeau« . Heureusement que « le but argentin a été annulé par décision de la VAR. Le score final 2-1 est resté inchangé jusqu’au sifflet final » de ce match rocambolesque.

Des primes hors normes

Le pouvoir marocain aurait souhaité que des compétitions sportives se déroulent tout au long de l’année. Il tire parti des exploits des athlètes marocains. Il apprécie tout ce qui détourne le peuple de ses véritables préoccupations. À l’instar des festivals, le sport hypnotise les Marocains. En effet, alors que le Maroc fait face à une hausse vertigineuse des prix en raison d’une inflation générale, à un déficit de 47 000 médecins, à une dégradation sur l’indice mondial de la corruption et à l’absence de solution pour reloger les sinistrés du sièsme d’Al Haouz, le Maroc prévoit de « verser une prime de 200 525 dollars à ses athlètes qui atteindront les plus hautes places sur les podiums olympiques« , fait savoir Maroc Dipolatique.

En France, « les médaillés français recevront des primes de 80 000 euros pour l’or, 40 000 euros pour l’argent et 20 000 euros pour le bronze« , révèle le hebdomadaire français Closer . Ce qui est remarquable, c’est que la valeur du BIP de la France est d’environ 3000 milliards d’euros, tandis que celle du Maroc ne dépasse pas 130 milliards d’euros. D’aillleurs, à ma connaissance, lorsque on est un vrai partiote, on joue pour son pays plutôt que pour l’argent.

Le Maroc se prépare pour sa Coupe du monde

Contre toute attente, le gouvernement marocain annonce qu’il entend d’ici la Coupe du monde 2030, qui se déroulera en Espagne, au Maroc et au Portugal, construire le plus grand stade de la planète qui peut accueillir 115 000 supporters. Bien entendu, tout cela se fera au détriment de projets cruciaux, en particulier les hôpitaux. Comme vous l’avez compris, le pouvoir se sert de toute performance sportive, qu’elle soit collective ou individuelle, pour mettre en avant sa « soi-disant » puissance continentale, jusque-là utopique.

Le jour de la victoire de l’équipe nationale aux Jeux olympiques à Saint-Étienne, le Centre hospitalier régional (CHR) de Béni Mellal, la région la plus défavorisée au Maroc, a enregistré 21 décès à cause de « la chaleur ». Toutefois, la raison principale de cette hécatombe, selon l’association marocaine des droits de l’Homme (AMDH), réside dans le manque de ressources humaines et matérielles. Dans cet hôpital, comme dans les autres hôpitaux publics du pays, les médicaments sont rares, même les seringues ! Mais quid de la climatisation ? Inutile de chercher une réponse, il n’y en a pas à l’hopital de Béni Mellal.

Savez-vous par exemple, que les prix de certains produits au royaume chérifien sont aussi élevés que dans certains pays plus développés ? Rappelons que le salaire minimum au Maroc est inférieur à 300 euros. Je me demande donc si il serait préférable d’améliorer les conditions de vie des Marocains plutôt que d’investir massivement dans des stades qui n’auront pas d’impact significatif sur la vie quotidienne des citoyens. Les Marocains réclament des hôpitaux et des usines pour travailler. Et oui, l’habit ne fait pas le moine !

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