Le Jeune Maghrébin

Maroc : les coulisses du Aïd al-Adha

La fête du Aïd al-Adha est la plus grande fête chez les musulmans du monde entier, dont les Marocains. C’est la raison pour laquelle les Marocains se sont lancés dans une véritable course contre la montre pour être à la hauteur du Aïd al-Adha, appelé chez nous « Aïd el Kebir », que nous célébrons aujourd’hui, le 24 septembre. Voici comment nous nous sommes préparés au jour de la fête du sacrifice au royaume chérifien.

  • L’acquisition du mouton de l’Aïd

La fête du Aïd al-Adha (fête du sacrifice) consiste à égorger un mouton pour commémorer la soumission d’Abraham à Dieu. Abraham avait accepté l’ordre de Dieu de sacrifier son fils unique, Ismaël, avant que l’archange Gabriel ne remplace Ismaël par un mouton. Cela dit, le sacrifice d’un mouton est une condition sine qua non pour célébrer Aïd al-Adha en bonne et due forme. C’est pourquoi mes compatriotes ont afflué massivement aux marchés hebdomadaires (souks) pour s’acheter un mouton, chacun selon son budget. Et même si la fête du sacrifice coïncide cette année avec la rentrée scolaire, cela n’a pas empêché les Marocains de faire de leur mieux pour acquérir un mouton à leurs familles, au point qu’il y a certains qui ont pris un crédit à la banque pour se payer un mouton.

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Un souk au Maroc ©Le Jeune Maghrébin
  • L’achat des ustensiles de cuisine

Qui dit ustensiles du Aïd al-Adha, dit ustensiles très utilisés dans la cuisine durant cette période de l’Aïd, comme le tajine et le kanoun (une sorte de brasero), entre autres. En effet, il y a une très forte demande aux deux ustensiles en question pendant Aïd al-Adha. Et il est très rare de trouver, le jour de l’Aïd, une maison marocaine où il n’y a pas un tajine sur un kanoun au charbon de bois. Rappelons que le prix du charbon a doublé comme d’habitude quand il s’agit du Aïd, en raison de l’utilisation massive de ce matériau dans ces jours de la fête. Ainsi, le prix d’un kilogramme du charbon varie entre 7 et 8 dirhams.

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Des tajines et des kanouns ©Le Jeune Maghrébin
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Un vendeur des ustensiles de cuisine ©Le Jeune Maghrébin
  •  L’achat de vêtements neufs

La semaine avant le jour de la fête, les Marocains s’achètent des habits neufs. Les boutiques ne désemplissent pas. Les commerçants y compris les marchands ambulants profitent de cet engouement pour les vêtements chics et importés. C’est une bonne occasion d’augmenter les prix, car ils savent très bien que leurs bénéfices vont baisser après l’Aïd. Mais de toute façon, les prix sont négociables et il arrive parfois que tu achètes un objet à la moitié de son prix. De l’autre côté, bien des Marocains jettent leur dévolu sur les vêtements d’occasion, apportés d’Europe par nos concitoyens résidant là-bas, pour éviter tout produit portant le label « Made in China ». Et c’est vrai, les marques chinoises jouissent d’une mauvaise réputation ici chez nous au Maroc.


Des soldats marocains au service de l’injustice

Des soldats marocains seraient au Yémen pour prendre part à l’offensive terrestre saoudienne annoncée suite à l’attaque au missile attribuée aux rebelles Houthis, attaque qui aurait fait 60 morts parmi les soldats de la coalition sunnite. Les autorités des pays concernés restent silencieuses sur ce déploiement visant à libérer la capitale Sanaa, contrôlée jusqu’à nos jours par les rebelles. Et ce, sans consulter ni le Parlement marocain, ni prendre en considération les voix qui se sont élevées contre cette implication dans un conflit sans fin, épuisant et lointain de notre pays.

Deux mois après la perte d’un avion de chasse F16 et la mort du pilote qui était à bord, le Maroc oublie rapidement ce malheureux incident et envoie des soldats au Yémen, comme signe de solidarité avec les causes de la nation arabe, même si on ne voit pas cette solidarité arabe quand il s’agit d’accueillir des réfugiés syriens par exemple. Et on se demande si la destruction d’un pays frère est une cause qui mérite d’être défendue. À toi de juger, cher lecteur.

C’est vrai que le gouvernement marocain n’a pas encore confirmé l’envoi de troupes au Yémen comme avait fait le Qatar, mais selon des sites d’information locaux à peu près un millier de soldats marocains sont bel et bien sur le champ de bataille yéménite. L’objectif : soutenir la coalition arabe pour rétablir la légitimité d’un président toujours souriant et insoucieux du calvaire de son peuple, Abd Rabbo Mansour Hadi, qui s’est enfui le 7 mars 2015 vers les palais luxueux du Riad, et ipso facto contribuer à générer le maximum possible de réfugiés et de victimes. On parle actuellement de 1,5 million de déplacés et 4.300 morts au Yémen.

      À lire aussi : Le bombardement du Yémen vu par mon ami (1)

Ce qui est drôle, nous semble-t-il, c’est que cette intervention marocaine au Yémen n’a aucun fondement solide. Tout d’abord, la guerre au Yémen n’est pas stratégique pour le royaume, dans la mesure où ce pays qui nous est très cher, le Yémen, ne constitue aucun danger pour la sécurité nationale du Maroc. Ensuite, l’ONU ne cesse de rappeler aux Saoudiens et leurs alliés que la solution au Yémen ne serait que pacifique. Et bien entendu, l’envoi des forces sur le terrain aggraverait la situation. Enfin, ce conflit ne concerne pas les Marocains et le Maroc, en tant qu’État souverain, ne devrait pas participer à une guerre injuste, pour plaire aux Saoudiens.

Les forces armées marocaines sont très connues à l’international par leur participation aux missions de maintien de la paix dans divers pays à travers le monde. Et même aujourd’hui, des contingents marocains sont présents dans plusieurs zones de tension. Nous citons, à titre d’exemple, la République démocratique du Congo, la Côte d’Ivoire, et la Bosnie Herzégovine. Et l’obtention, en 2014, des casques bleus marocains de la médaille de la mission des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) , est une reconnaissance de la communauté internationale des efforts déployés par le Maroc pour instaurer la paix et la stabilité dans le monde.

Aujourd’hui, malheureusement, nos vaillants soldats apportent leur soutien à une mauvaise cause. À cet égard, nous tenons à saluer la décision du Parlement pakistanais, en avril 2015, de rejeter la demande de l’Arabie Saoudite au Pakistan d’intervenir au Yémen. Le même Parlement a appelé le gouvernement de son pays à rester neutre. Nous tirons, en outre, notre chapeau à l’armée populaire algérienne, qui refuse de porter atteinte de près ou de loin à la souveraineté des autres États.

En un mot, la lutte contre les Houthis est une affaire purement saoudienne. En revanche, la vraie guerre qui intéresse le plus les Marocains, c’est une guerre qui sera menée contre la corruption et la misère qui font des ravages dans notre société. Certes, on ne peut pas nier l’amitié qui nous lie à l’Arabie Saoudite mais cela n’empêche pas de prendre de la distance avec elle quand elle déraisonne. Et oui, les soldats marocains ne sont pas des mercenaires !

      À lire aussi : La mendicité au Maroc, c’est plus qu’un métier !


La laïcité : Le dernier espoir des Arabes ?

De nos jours, personne ne peut nier que la plupart des maux dont souffrent les Arabes sont principalement liés à l’instrumentalisation de la religion et par les islamistes, et par les régimes autoritaires en place. D’où la nécessité, selon des activistes et des intellectuels arabes, de se mobiliser pour l’instauration du modèle laïc dans leurs pays, car ils considèrent que leurs compatriotes n’ont plus d’autre choix que la laïcité.

Le débat sur la laïcité dans le monde arabe a refait surface avec les révolutions populaires arabes pour plaider la démocratie et la dignité. Ainsi, des manifestions en faveur de la laïcité avaient lieu en Tunisie, le berceau du « Printemps arabe », juste après le renversement du dictateur Ben Ali. Le documentaire Laïcité, Inch’Allah !, réalisé par Nadia El Fani, met en avant le rêve d’une partie des militants tunisiens d’une Tunisie laïque, où les citoyens peuvent vivre sans la tutelle d’une religion imposée. Malheureusement, la nouvelle Constitution adoptée en 2014 n’a pas été purement laïque, même si elle garantit la liberté de conscience. En effet, l’article 1 de ladite Constitution a été très clair : « La Tunisie est un État libre, indépendant et souverain, l’islam est sa religion, l’arabe sa langue et la République son régime. »

https://www.youtube.com/watch?v=9we1m86Qj0I

Nombreux sont les religieux arabes qui font de leur mieux pour diaboliser la laïcité reposant sur les principes de la liberté de conscience, la séparation des pouvoirs politique et religieux, et l’égalité de tous les citoyens devant la loi, selon la définition de l’Observatoire français de la laïcité. Pour ces prédicateurs islamistes, la laïcité est l’autre nom de l’impiété, de l’hérésie et de l’athéisme. Mais quand on sait que ces derniers ne sont que des « hypocrites » faisant appel à la religion pour se faire de l’argent, en exploitant l’ignorance des gens. On comprend dès lors que ces prédicateurs ne sont pas les mieux placés pour mettre en cause les vertus de la laïcité ou même défendre le message universel de la religion de Mahomet.

Et dire que ces prédicateurs qui prêchent la modération et vantent la pauvreté et la misère dans les mosquées possèdent des comptes bancaires en Suisse, des voitures dernier cri, des villas. Certes, tout le monde a le droit de faire de l’argent, mais la manière dont ils s’enrichissent pose problème. En réalité, ces soi-disant cheikhs ont fait leur fortune moyennant l’exploitation de la religion, étant donné qu’ils n’exercent pas un métier comme le commun des mortels. Ils excellent seulement dans la vente des fatwas aux misérables. Ces religieux, qui se présentent à tort comme des « érudits », nous rappellent le commerce des indulgences par ‘l’Église catholique romaine, une pratique qui remonte au 3e siècle.

La plupart des activistes arabes militant pour la laïcité sont fascinés par le modèle laïc turc, instauré après la défaite de l’Empire ottoman à l’issue de la Première Guerre mondiale. Il convient de rappeler que la laïcité à la turque n’est pas la séparation de la Mosquée et de l’État. L’islam sunnite est de surcroît favorisé sur les autres minorités musulmanes non wahhabistes. Cela dit, adopter la laïcité n’impose pas forcément de copier à la lettre ni le modèle occidental ni celui de la Turquie, dans la mesure où il serait mentir de dire qu’il y a une laïcité idéale. Mais rien  n’empêche, dans un autre côté, les pays arabes de s’inspirer des exemples existant, en attendant la création d’un modèle de la laïcité purement arabe.

Le blogueur saoudien Raif Badawi, condamné à 10 ans de prison, 1 000 coups de fouet et 226 000 euros pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression en dénonçant le recours au religieux pour manipuler les masses dans son pays, est l’un de ses activistes qui croient en la laïcité et le libéralisme. Les autorités saoudiennes ont également reproché à Raif d’avoir insulté l’islam. Mais quand on lit ces articles, rassemblés dans le livre 1 000 coups de fouet parce que j’ai osé parler librement, on réalise que notre blogueur n’a pas offensé aucune religion, au contraire il n’a fait que répondre présent à son devoir d’intellectuel en nommant les choses comme elles sont. N’est-ce pas l’auteur de L’Homme révolté, Albert Camus, qui disait que « mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde » ? Effectivement, le souci de Raif derrière son appel à la séparation entre le religieux et le politique, était ne pas être complice avec  ces prédicateurs de l’ignorance, qui sont derrière le retard des sociétés arabes sur tous les plans.

Raif Badawi
Raif Badawi, 1 000 coups de fouet parce que j’ai osé parler librement

Dans ces articles, Raif Badawi s’est donné comme mission de couper l’herbe sous le pied des hypocrites religieux arabes, en avançant les bénéfices dont la laïcité est porteuse pour les Arabes. Voici quelques avantages de la laïcité, à la lumière du livre 1 000 coups de fouet parce que j’ai osé parler librement de Raif Badawi :

1. La laïcité renforce la religion et garantit la libre expression du culte

Pour bien des activistes arabes, dont Raif Badawi, la laïcité ne constitue aucun danger pour la religion, au contraire, elle renforce cette dernière et assure à chaque individu le droit d’exprimer ses croyances et ses idées comme bon lui semble.  À vrai dire, on ne peut pas nier aujourd’hui que c’est dans les pays laïcs où les musulmans exercent leur culte en bonne et due forme, puisque nous n’avons jamais entendu parler de l’explosion d’une mosquée aux Etats-Unis, par exemple.  Il faut signaler, en outre, que la plupart des organisations extrémistes actives actuellement dans le monde arabe sont la résultante de la politique répressive menée par les régimes despotiques en place contre ces groupes islamistes. C’est pourquoi la laïcité est devenue plus que jamais une nécessité, puisqu’elle éduque les gens à vivre et laisser les autres exprimer leurs convictions librement et sans contrainte.

2. La laïcité repose sur la séparation de la religion des affaires publiques

Au moment où les pays occidentaux ont opté pour la laïcité dans l’intention de s’investir davantage dans les écoles et permettre à leurs citoyens de briller et d’exprimer leurs talents, des pays arabes augmentent année après année le budget consacré aux lieux de culte. Prenons, à titre d’exemple, le Maroc. Le budget consacré à la gestion et à l’entretien des mosquées a atteint deux milliards de dirhams en 2015. La guerre sans fondements, contre-productive et coûteuse menée par les Saoudiens au Yémen pour repousser l’expansion de l’islam chiite. Et non pour défendre la « légitimité » comme tentent de nous faire croire les Saoudiens et leurs alliés. Bilan : plus de 2 800 personnes tuées et un million de déplacés. Cette guerre est une autre preuve qu’il est temps de cesser d’instrumentaliser la religion pour couvrir les défauts d’un régime autoritaire en tuant des civils au nom d’une légitimité illusoire.

3. La libre concurrence et l’égalité des citoyens d’un même pays devant la loi

C’est désolant aujourd’hui d’entendre qu’en Arabie saoudite les femmes n’ont pas le droit de conduire. Et il n’est pas étonnant si le roi de l’Arabie saoudite demande, lors de son séjour très contesté en France, d’éloigner une femme CRS de son dispositif de sécurité. Dans la société saoudienne, tout comme dans d’autres sociétés arabes, à l’exception de la Tunisie où les femmes réjouissent du statut le plus avancé du monde arabe, on sous-estime encore les talents de la femme et on interdit la mixité entre les deux sexes. C’est pourquoi Raif appelle tous les progressistes arabes à se battre bec et ongles pour la mixité, étant donné que celle-ci assure l’égalité des chances entre les femmes et les hommes.


Algérie : Sauver Ghardaïa

Encore une fois, le régime algérien a fait preuve de son impuissance à instaurer la sécurité dans le pays, et qu’il n’excelle que dans le recours à la répression. Les derniers incidents de Ghardaïa, la semaine dernière, entre Amazighs mozabites et Arabes chaâmbas, qui ont fait 24 morts dont 19 Mozabites et 5 Chaâmbas, en disent long. Les appareils de l’État sont incapables de faire face aux hors-la-loi terrorisant la population, en utilisant des armes à feu et en bénéficiant d’une grande passivité des policiers.

Enterrement des 11 victimes mozabites à Guerrara. Photo : Mokhtar Hadj Saïd/ New Press

Tout le monde s’accorde à dire que le gouvernement algérien à une part de responsabilité dans la situation à Ghardaïa. Car il aurait pu tordre le cou à cette crise dès son éclatement en 2008, moyennant une approche socio-économique. Malheureusement, les autorités publiques ont opté à plusieurs reprises pour la force, une chose qui a pesé lourd dans les rapports internationaux sur les droits de l’homme. Le dernier rapport en date est celui du département d’État américain. Il a met l’accent sur plusieurs violations des droits humains par Alger : des violences policières, impunité des forces de l’ordre, entre autres.

Dans des photos publiées par des cyberactivistes, la complicité des forces de l’ordre avec les Chaâmbas est clairement affichée.

Ghardaïa
Une inscription arabe sur un mur disant : « Vive les Chaâmbas , tous les Amazighs sont des chiens ». Photo : lafriqueadulte.com

En 2014, lors d’un autre épisode des affrontements sanglants entre les mêmes communautés à Ghardaïa, une vidéo amateur publiée sur You Tube montre des jeunes dans des ateliers de la fabrication d’armes blanches et ce, sous les yeux des éléments de la police.

La crise de Ghardaïa ( en berbèreGhardaïa in Tifinagh.svg) n’est pas née le 6 juillet dernier,  il y a eu déjà des confrontations en 2008. Les raisons de ce conflit ne peuvent pas être réduites à un conflit « intercommunautaire », comme le laissent entendre de nombreux médias arabes et internationaux. Bien au contraire, ces incidents sont en réalité la résultante de la marginalisation économique et de l’absence de l’État dans cette wilaya située à 600 km au sud d’Alger.

Le site d’information arabophone Sasa Post, de son côté, n’écarte pas la possibilité que les heurts qui ont agité Ghardaïa, soient dus aux guerres intercommunautaires ravageant actuellement le Moyen-Orient. En effet, le journal électronique Algérie-focus rapporte que ces incidents sont l’effet des mois de propagande meurtrière menée par des imams salafistes contre les Mozabites. Ainsi, ils ont qualifié les mozabites de « koufars » (impies), menaçant la religion des Algériens. Pire encore, des extrémistes ont scandé des slogans de haine durant des manifestations à Ghardaïa, comme « les Mozabites sont les ennemis de Dieu!

Nombreux étaient également les islamistes et leurs sympathisants qui se sont mobilisés contre le rite des Mozabites sur les réseaux sociaux. Ahmed Chouchane, un islamiste réfugié au Royaume-Uni, après sa sortie de la prison, est l’un d’entre eux. Ce dernier s’est donné pour mission d’alimenter les tensions entre les deux communautés, qui vivaient jadis en harmonie.

Au moment où les militants des droits de l’homme s’attendaient à ce que les autorités algériennes ordonnent l’arrestation immédiate des islamistes ne ménageant aucun effort pour inciter à la violence, le DRS (le service de renseignement algérien) arrête l’activiste Kamel-Eddine Fekhar, avec 25 d’autres militants de la cause mozabite.

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Kamel-Eddine Fekhar. Photo : lematindz.net

L’acharnement des autorités algériennes contre Kamel-Eddine Fekhar est dû à sa demande à l’ONU d’intervenir pour enquêter sur les événements de Ghardaïa. Les locataires d’El Mouradia reprochent à M. Fekhar, en outre, d’être un séparatiste et un ennemi de l’Algérie. Rappelons que Kamel-Eddine Fekhar et ses compagnons ont été entendus le 15 juillet par le juge d’instruction du tribunal de Ghardaïa. Et sans surprise, ce dernier n’a pas hésité à leur accoler une série d’accusations graves comme l’atteinte à la sûreté de l’État, l’atteinte à l’intégrité du pays, ou encore l’incitation au séparatisme, entre autres accusations injustes, selon l’agence kabyle d’information  Siwel.

Pour les autorités algériennes, les événements de Ghardaïa sont orchestrés par des pays étrangers, dont le Makhzen marocain. L’objectif : semer le zizanie en Algérie. Selon la chaîne Ennahar, le mouvement autonomiste mozabite, chapeauté par Fekhar, est financé par « la plus haute autorité du royaume » (le roi Mohammed VI). Et on a droit de se demander si un pays très attaché au wahhabisme saoudien, le Maroc, est devenu aussi fou pour soutenir des mouvements indépendantistes amazighs, majoritairement laïcs.

En attendant la libération de Kamel Fekhar et ses amis, qui n’ont fait que réagir légitimement à la marginalisation et aux violences dont sont victimes leurs compatriotes, je souhaite du tout mon cœur que les autorités algériennes tirent des leçons de cette crise de Ghardaïa pour mettre un terme au conflit dans cette wilaya, , en adoptant cette fois-ci une approche socio- économique, voire culturelle. Car les révolutions arabes nous ont enseigné que des solutions basées sur un fondement sécuritaire pour des problèmes purement sociaux sont toujours vouées à l’échec. Et bien entendu, personne ne peut prévoir les conséquences du recours à la force. Les Égyptiens en savent quelque chose.

À bon entendeur !

Vous aussi, dites non à l’incarcération des activistes mozabites. Oui à l’arrestation des vrais criminels, en signant une pétition en ligne, qui sera envoyée plus tard à l’attention du secrétaire général des Nations unies, M. Banki-moon, ici.


Liberland My Dream

La situation du monde arabe va de mal en pis, surtout après le soi-disant « Printemps arabe ». Les événements dramatiques qui se déroulent actuellement dans plusieurs pays arabes en témoignent. Devant ce constat amer, de jeunes Arabes sont aujourd’hui plus que jamais déterminés à quitter leurs pays respectifs, car la chance ne sourit qu’aux corrompus et aux lèche-bottes des dictateurs, tenant les rênes de leur patrie. C’est la raison pour laquelle nous ne devrions pas être surpris si ces jeunes postulent massivement pour la citoyenneté d’un petit État proclamé unilatéralement par un certain Vít Jedlička et ses amis, Le Liberland. En fait, Le Liberland a demandé des citoyens du monde entier pour aider à la construction de la nouvelle République. Et sans surprise, la plupart des gens qui ont répondu présent à l’appel du leader Vít Jedlička sont des Arabes.

Qu’est-ce que la République de Liberland ?

Le Liberland est une micronation non reconnue jusqu’à présent par la communauté internationale. Elle est créée le 13 avril 2015 sur une terra nullius (un territoire non réclamé par aucun pays ), profitant d’un différend frontalier entre la Serbie et la Croatie. Et le président du Liberland,Vít Jedlička, avait déclaré qu’il a même reçu une lettre de la Serbie confirmant que le Liberland n’est pas formé sur un territoire appartenant à la Serbie. De l’autre côté, la position de la Croatie sur la création de la nouvelle République semble un peu ambiguë. Concernant la superficie du Liberland, elle ne dépasse pas 7 km2.

Dans l’intention de construire la République libre de Liberland, l’administration du pays  a mis en place un site web pour recevoir les demandes de citoyenneté de tous les coins du monde. Selon le président Vít Jedlička, à peu près 330 000 personnes avaient répondu au formulaire en ligne pour devenir des citoyens à part entière du Liberland. Parmi ces potentiels citoyens, 8 000 sont des États-Unis, 6 000 de la Serbie et 5 000 de la Russie. Quant au nombre des Arabes désirant rejoindre Vít Jedlička au Liberland, les Égyptiens sont en tête avec 80 256, suivis par les Algériens 23 522, selon le journal Le Monde. Il y a également des Marocains , des Syriens et même des Saoudiens. En guise de rappel, 40 000 des demandes de citoyenneté répondent aux conditions posées par le Liberland.

Comment devient-on un citoyen du Liberland ?

 

Les quatre critères pour devenir un citoyen du Liberland

 Pourquoi le Liberland fait rêver les Arabes ?

« Nous sommes fatigués de la répression et de l’oppression ». Ces mots très touchants d’un jeune Arabe commentant un post sur le forum du site Liberland, en disent long : la frustration a atteint son summum, et ce, surtout après l’échec des révolutions historiques éclatées en 2011 dans plusieurs pays arabes. Ainsi, du Maroc à l’Arabie saoudite en passant par l’Algérie, ce sont les mêmes familles qui détiennent le pouvoir et les richesses dans la majorité des pays en question. Et même dans les pays où nous avons célébré il n’y a pas longtemps la fin des régimes despotiques, les extrémistes et les islamistes ont pris la relève et accomplissent la même mission : semer la terreur et bombarder où bon leur semble. Bref, nous avons changé des chevaux borgnes contre des aveugles.

Certes, la superficie du Liberland n’a rien à envier à celles des pays arabes, mais sa devise « Vivre et laisser vivre » force l’admiration ! Malheureusement, dans ces pays où nous vivons il n’y a qu’une minorité qui vit. Le reste de la population peine rien que pour survivre. Effectivement, j’avais du mal au début à comprendre pourquoi des Algériens, à titre d’exemple, sont nombreux à vouloir vivre au Liberland, sachant que l’Algérie est un pays producteur du pétrole. Un commentaire sur la page Facebook du collectif des Algériens désirant vivre dans la République de Liberland a éclairé ma lanterne : « Plutôt le Liberland que le Boutafliland », tournant en dérision le régime militaire gouvernant dans son pays, l’Algérie. Ainsi, le Liberland est le nouvel eldorado dans les yeux de ces jeunes arabes très ambitieux. Le Liberland, c’est la patrie où ils vont réaliser leurs rêves. Sans oublier qu’ils vont entrer dans l’histoire de l’humanité en contribuant à la construction d’un pays à zéro, à condition que cette république ne soit pas un mensonge où que ce territoire soit annexé par la Croatie.

Liberland Tv
Page Facebook de la télévision du Liberland

Nombreuses sont les raisons poussant des jeunes arabes à quitter leur pays soit d’une manière légale, soit clandestinement. Dans l’infographie ci-dessous, nous vous présentons les cinq principales raisons derrière la frustration de la jeunesse issue du monde arabe.

quitterlespaysarabes
5 bonnes raisons pour quitter la plupart des pays arabes

Pour conclure, on peut affirmer que le seul perdant dans cette affaire du Liberland, c’est les États arabes eux-mêmes. Car les pays d’accueil n’accordent pas la citoyenneté à n’importe qui, mais à des gens qualifiés, voire doués dans divers domaines. De toute façon, ces jeunes Arabes se considèrent déjà comme des citoyens liberlandais et ils sont fiers de mettre en avant leur nouvelle citoyenneté liberlandaise  partout sur le Net. D’autres, les incrédules, ils sont mobilisés en ligne pour mettre en garde leurs compatriotes arabes quant à une éventuelle arnaque. Mais une chose est sûre : si demain une autre micronation vient de voir le jour ( Justiceland, Dignitiland, ou Democratiland ), ces pauvres jeunes Arabes seront nombreux à répondre présent à sa demande de citoyens. Et oui, mesdames et messieurs, l’enthousiasme d’échapper à la répression aveugle !

Ces jeunes Arabes veulent la vie, force est au destin de répondre.